mardi 13 octobre 2009

Nebbia : l’inattendu perdu dans le brouillard

Après avoir assisté à Nebbia, troisième volet de la Trilogie du Ciel du Cirque Éloize en coproduction avec Teatro Sunil, une question s’impose : « Cirque ou pas? »

Dès la première intervention du maître de cérémonie, l’ambivalent Gonzalo, le ton est donné : l’humour, pas toujours drôle, fera partie intégrante du spectacle. En ajoutant à cela les performances musicales, vocales, théâtrales et, parfois, acrobatiques des dix autres artistes de la troupe, on obtient Nebbia. Un trop-plein d’arts de la scène qui peut donner le tournis à quelqu’un qui aurait aimé du cirque plus traditionnel. Cette fusion des genres, bien qu’intéressante pour certains numéros, ne permet pas au public d’apprécier l’entièreté de l’oeuvre à sa juste valeur.

Une lueur d’espoir
Et c’est bien dommage! Car la mise en piste et les éclairages sont pour ainsi dire parfaits. Tout l’espace scénique est occupé de manière époustouflante grâce aux mouvements des différents personnages : en hauteur pour les acrobaties aériennes; en largeur lors de l’échange de projectiles d’une coulisse à l’autre; et enfin, en profondeur grâce à des déplacements dans tous les sens.

Une bonne recherche a sans doute été effectuée en ce qui concerne le jeu de lumières qui devait être utilisé. Nebbia, qui signifie brouillard en italien, se devait de posséder une ambiance lumineuse significative. L’éclairage, accompagné d’un nuage de fumée – ou brume –, viendra tantôt des coulisses tantôt du plafond. La projection d’une lumière colorée et d’un rond d’une teinte différente sur la toile d’arrière-scène, lors de chaque numéro, aide à faire passer une idée. En effet, plus le numéro avance, plus le rond se précise : comme si le brouillard se dispersait avec le lever du soleil.

Et que dire du décor et des costumes? Presque toutes les tenues sont simples et blanches et, malgré cela, celles qui devraient être spéciales ne le sont pas. Côté décor, le peu de matériel utilisé n’est pas une lacune, car l’éclairage fournit l’ambiance idéale.

Nebbia : « brouillard » en italien et « OK… pis? » en québécois
Dans sa forme, Nebbia ressemble davantage à une pièce de théâtre à laquelle on aurait incorporé quelques acrobaties qu’à l’inverse : la commedia dell’arte l’emporte sur le cirque plus traditionnel. Mais en voulant aller partout, on ne va nulle part… et l’idée principale se perd rapidement. Tout comme l’intérêt…

Les deux premiers numéros vont dans une même direction puis, ça dérape. Le brouillard masque le fil conducteur et on a vite l’impression d’en avoir manqué un bout. Quelqu’un peut-il d’ailleurs m’indiquer la pertinence du numéro de contorsionniste? Regarder un homme disgracieux prendre la forme d’un bretzel sans raison apparente n’a pas aidé la cause du spectacle qui semblait déjà perdu loin, loin dans le brouillard…

Le rôle de « ciment » du maître de cérémonie entre les différents tableaux est aussi questionnable; la pertinence de ses interventions diminue plus le spectacle progresse, et l’unité du spectacle s’en ressent.

Bref, Nebbia porte bien son nom : un petit peu de tout, perdu dans le brouillard. Et on attend toujours l’inattendu…

Critique rédigée dans le cadre du cours CRM265 - Critique culturelle
6 octobre 2009

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